mercredi 7 juin 2017

Touch Sensitive, le plus italien des australiens


En 2012, Van She avait secoué mon monde avec des chansons solaires, pleines de couleurs et de sonorités différentes dont Jamaica, qui sonnait comme un destination de vacances, le tout condensé dans un album superbe, The Idea of Happiness. Si le groupe s'est fait discret depuis deux grosses années, chaque membre a tenté son expérience musicale de façon individuelle et de façon plus ou moins réussie. A ce jeu là, il semblerait que celui qui se débrouille le mieux soit Michael Di Francesco, guitariste de Van She, lié au label australien Future Classic mais mieux connu sous le nom de Touch Sensitive. 
Style brossé renforçant ses origines italiennes, jouant sur la carte de l'italien moustachu looké comme un dragueur cliché des années 70-80 dont son personnage se fait l'écho d'une musique suave et sensuelle, Touch Sensitive vient de placer un single taillé pour faire danser les vacanciers tout l'été. Pas sûr qu'on ait envie de se poser un moment.

mardi 30 mai 2017

Panama, l'espoir fait vivre


Si l'on fait ce jour un article sur Panama, n'y vois aucun rapport avec la mort de l'ancien dictateur du pays dans les années 80, Manuel Noriega. Tueur d'opposants à son régime, blanchisseur d'argent invétéré, condamné pour trafic de drogue aux States, n'y vois aucune allusion foireuse, aucun signe de sympathie.
Si sympathie a revendre nous aurions, c'est bien évidemment pour le groupe Panama, protégé du Label australien Future Classic, mine d'or où l'on retrouve Chet Faker, Flume, Flight Facilities pour ne citer que les plus illustres. Parmi cette déferlante d'artistes confirmés, Panama distribue ses productions au compte-goute. Un EP fin 2012, un second une année plus tard, quelques singles comptés sur les doigts d'une main, merci bonsoir. Sept années après leurs débuts, les membres de Panama ont entamé une tournée américaine et européenne, laissant présager de grandes choses puisque depuis Always EP, l'attente d'un album se fait de plus en plus longue. Pour calmer notre impatience, Jarrah McCleary, leader du groupe, vient d'annoncer la sortie prochaine d'un nouveau projet avec ses deux acolytes qui devrait arriver fin Juin. 
Le premier extrait, Hope For Something, nous donne vraiment quelques chose à espérer. 



lundi 15 mai 2017

Bruxelles, la mine d'or du Rap - Caballero et JeanJass

Double Hélice 2, c'est la seconde galette née de la rencontre entre Caballero, l'un des rappeurs les plus imagés et techniques de sa génération et JeanJass, rappeur et beatmaker au second degré affuté.
Les deux MC se prennent en pleine tronche comme une grosse comédie à la How High de Method Man et Redman  avec des personnages de Judd Appatow. Deux style très différents, Caballero amène ses punchlines tranchantes et rythmées à la manière des Casseurs Flowteurs, le côté storytelling en moins, tandis que JeanJass se plait à caser punchlines footballistiques ("J'arrive toujours soigné comme une passe de Tony Kroos", tout pour nous plaire) tout en produisant l'album dans une grande partie.
Caba et JJ jouent à fond leurs personnages de joyeux irresponsables fumeurs de weed et amateur d'Ego Trip outrageant, Caba apparaissant en totale symbiose en tandem avec son doublon bruxellois. On se rappelle de ses différentes collaborations avec Lomepal (dans leur projet Le Singe fume sa cigarette) ou Fixpen Sill (Fixpen Singe) où le barbu avait déjà la rime tranchante, désormais le jeune hispano-belge semble libéré de cette étiquette de rappeur uniquement technique et utilise les codes du rap-jeu à merveille avec JeanJass pour se brosser une image sûr mesure que ce soit par l'Ego Trip, par la culture rap (les multiples phases sur Ralph Lauren) où par l'aspect visuel de leur musique (les clips sont une part entière de leur projet).


 A la vue des trois singles de leur nouvel opus, les deux MC possèdent une vraie présence dans le cadre et un fort charisme. Impossible de le nier, c'est bien leur présence et ce qu'ils dégagent qui leur permet de rendre crédible le second degré et par là même de faire passer certaines de leurs phases.



Là pour tout claquer, présent dans la session 33 spéciale Belgique de Grunt du mois d'Avril, Caba et JeanJass ont fait le boulot comme à leur habitude, deux grosses frappes violentes (comme celles de Youri Tielemens face au gardien d'Ostende). A vous de juger (avec un autre joyaux de Belgique, Roméo Elvis).

vendredi 28 avril 2017

Ti Amo Phoenix !



Inutile de retaper une nouvelle biographie de nos versaillais préférés, tout le monde connait et aime Phoenix. Toutes les filles ont craqué pour If I Ever Feel Better, chaque personne chante lorsqu'elle entend Lisztomania. Chaque single depuis plus de quinze ans est devenu un tube, chaque single est une disquette dans ta tête tantôt douce, tantôt smooth, tantôt dansante et au même titre que les filles qui mettent des robes, les grillades au barbecue ou bien les terrasses des bars qui se remplissent au moindre rayons de soleil, chaque single de Phoenix me rappelle un doux parfum d'été. 
J-Boy, premier titre de leur nouvel album Ti Amo, débarque comme les premiers beaux jours. Morceau lumineux, aussi brillant de jour comme de nuit, porte significativement l'ADN de son créateur, groupe de génie capable de nous faire oublier la morosité ambiante le temps d'une chanson. 



mercredi 19 avril 2017

"Pédés", "blancos", "bougnoules" ou bien "nègres"


Putain ça fait un bail, plus d'un an sans contenu. Pourtant il s'en est passé des choses depuis le dernier article, bien sûr musicalement mais aussi dans nos vies. Touchés en plein cœur par des évènements qui nous dépassent. Notre temps d'écoute réduit, accaparé par des hommes dépassés à la recherche d'un pouvoir illusoire. Bien heureusement ces derniers mois Dub Inc, Danakil, Naâman, Volodia, Jahneration, Groundation et bien d'autres ont sortis des albums qui m'ont redonnés espoir et apportés un plein d'ondes positives. Mais, cet article est destiné à un gros de cœur comme on a rarement : Gaël Faye. J'avais déjà vu sa ganache de Stromae malade mais il m'aura fallu un passage dans Quotidien pour vraiment le découvrir. À vrai dire le garçon a déjà quelques achievements derrière lui : un 1er album (Pili-Pili sur un croissant au beurre) sorti en 2013, Prix du roman FNAC 2016, Nominé au Goncourt et Prix du Goncourt des lycéens (pour Petit Pays). Son histoire personnelle se situe entre le Rwanda, les Yvelines et la City de Londres, mélange peu commun mais vertueux qui donna naissance ce 14 avril 2017 a un petit bijou : Rythmes et botanique. Un EP de 5 titres qui mériterait d'en avoir 500. Le flacon et l'ivresse. Du rap, en mieux. De la poésie, en mieux. Un vent d'insoumission et de métissage nous enveloppe puis nous fracasse. Cet EP est un programme politique, une diarrhée de sentiments à exploiter. Quand tu l'écoutes tu te sens tout petit car par la taille et par le talent le bonhomme t'écrase. Ci-dessous je vous laisse avec Irruption, faites-en ce que vous voulez, de mon côté j'ai un livre et un album à aller commander. À bientôt.

mardi 19 janvier 2016

Cage The Elephant - Tell Me I'm Pretty

Aux premières écoutes de Tell me I'm pretty des américains de Cage The Elephant, un sentiment d'unité globale se dégage de ce quatrième album. Amputés d'un membre et sous la houlette de Dan Auerbach des Blacks Keys dont la casquette de producteur transparait énormément (surtout dans la piste "Punching Bag"), les rockeurs sont parvenus à clôturer un album sans fausses notes. Après trois albums inégaux ponctués de fulgurances géniales à l'instar de "Shake Me Down", "Cigarette Daydreams" et son incroyable clip ou encore "Telescope", Matthew Schultz et son équipage brassent quatre décennies d'influences du genre et saluent leurs modèles, The Doors notamment, dans cet album somptueux. Arborant une large palette d'émotions, Schultz se plait à nous promener d'une à l'autre, passant d'une session énergique coutumière dans "Mess Around" au spleen d'une tendresse infinie avec "How Are You True". Il chante cette nécessité de reconnaissance toute Warholienne d'une génération dont les membres sont conditionnés par ce besoin d'être constamment rassurés et se fait l'écho, de par sa voix gorgée d'une intensité sans cesse maitrisée, d'une solitude et de problèmes partagés. Et si la prise de conscience de ceci, c'était le début du rapprochement des êtres ?





mardi 16 juin 2015

Raury, enfant du 21 ème siècle


Un gamin à part dans l'horizon, Raury a clairement le vent en poupe en 2015. Un an après la sortie de son premier album, l'Indigo Child est de retour avec un nouveau single, Devil's Whisper, préparant le terrain à la sortie d'un second album à seulement 20 ans. Un style inqualifiable et hybride qu'il peaufine depuis son plus jeune âge, il écrit sa première chanson à trois ans, apprend la guitare en autodidacte à onze ans, monte lui même ses productions depuis ses quinze piges et finit par chauffer les salles en première partie de Kid Cudi et d'Outkast à travers les USA quand toi, minot, tu passes ton bac ES à Limoges.
Les études, Raury s'en fout mais a soif d'apprendre des autres. Ses interviews avec les journalistes se transforment en questions croisées, ses fans en apprennent autant sur lui que lui en apprend sur eux, tout est bon pour nourrir sa culture musicale.
Le gamin touche au rap, fan inconditionnel de... Kid Cudi, Outkast (tiens donc), place tout types de guitares (gros fan des Red Hot et de Bloc Party) pour accompagner sa voix sublime, un gout des voix puissante qui vient de Beyoncé et Celine Dion, entre autres, ainsi qu'un goût prononcé pour le gospel. Les sons de Raury font l'image d'une Amérique mythique, passée, communautaire, religieuse, un patchwork où tribus ancestrales, jeunesse heureuse et insouciante, chevaux et chemise à carreau s'entremêlent à la perfection.

Sorte d'enfant sage pleinement conscient de faire partie d'un monde en perpétuel évolution, issu d'une génération ultra-connectée, le jeune natif d'Atlanta garde les pieds sur terre mais rêve en grand. L'intérêt pour lui n'est pas de sortir un EP, puis un autre, ça non. L'opposé de Tyler The Creator s'en fout de la gloire et de l'argent. Vivre dans une cabane dans les bois le branche, du moment qu'il parvient à une chose: fonder un courant important dans la vie des gens, les inspirer comme d'autres l'ont inspiré. 
Comme disait Louis Veuillot, "Vingt ans, c'est l'âge des illusions irréfléchies, des passions fougueuses". Puisse Raury avoir toujours vingt ans.



Les deux versants d'une même pièce:







Raury cantonné à la tristesse de son coeur à vif avec Amor: