Je partais avec des préjugés légitimes; en entrant dans le zénith, je me serais retrouvé parqué au fond de la salle, les groupies s'agglutinant aux premiers rangs depuis l'ouverture des portes, avec leur paire de Converse, leur acné et leur excitation non dissimulée. J'imaginais déjà les briquets s'allumant comme à un concert des Enfoirés, les petites culottes voler vers la scène. Néanmoins, en arrivant à la Villette, avec mon BFF, fan de Jason Mraz à outrance, on se rappela que l'américain possède une voix pure faisant de lui l'un des tous meilleurs artistes live (et ce depuis un sacré moment). Parfois sous-estimé, pris de haut en partie à cause du battage médiatique autour de son 3ème opus qu'était We Sing, We Dance, We Steal Things, Mraz est revenu cette année avec un nouvel album intitulé Love Is a Four Letter Word. Tout un programme donc pour l'artiste qui aurait presque des airs de gourou avec ses peintures sur le visage, ses pieds nus et ses tapis sur scène. Beaucoup d'hommes étaient présents ce soir là, symbole de ce qu'est vraiment sa musique: une musique de mecs déguisée en musique pour fille. Si si.
L'heure venue, l'artiste s'est mis à chanter, nous transmettant le sourire qu'il arbore constamment. Deux heures de show durant lesquelles la foule l'écouta reprendre ses nouveaux et anciens morceaux, ondulante , quasi immobile, tel un champ de blé au vent, le fixant pendant que celui-ci tentait de faire des speeches sur l'amour, bredouillant les quelques mots de français qu'il connaissait. Mraz reste fidèle à lui même, et peut paraitre crédule, naïf, mais complétement convaincu de ce qu'il tente de nous faire partager. L'antithèse parfaite au cynisme, l'exemple parfait de la positivité, le personnage est simple et bien accompagné: sa percussionniste Mona Tavakoli dopée au speed, sa violoniste jouant avec lui dans tout les sens du terme, son trio de cuivres sans un cheveu mais bourré de classe. Difficile de repartir chez soi autrement que l'esprit libre, le cœur plein et en sifflant.